Dans le train me ramenant vers Bruxelles, ce vendredi 20 septembre 2024, c’est l’heure du bilan après cette édition du salon iPres 2024, à Gand en Belgique, à laquelle j’ai participé pour la première fois.
La journée FriPres, une nouveauté !
La première journée, en « préouverture » de l’Ipres, le lundi, était aussi une grande première pour la conférence. Mon collègue Morgän Attias a initié un événement inédit : constatant lors des précédentes sessions que les acteurs francophones de la préservation numérique manifestaient une volonté de se rassembler, il a proposé au comité d’organisation de la session 2024 d’organiser une après-midi nommée « FriPres » (https://fripres.com/) en ouverture de l’événement. Le comité organisateur de l’iPres a eu l’amabilité de nous mettre à disposition une salle pour cette occasion.
Lors de cette après-midi, nous avons pu écouter des interventions passionnantes. Marion Ville du projet VITAM, nous a démontré l’utilisation d’outils d’aide à la collecte d’archives, tels qu’Archifiltre (https://archifiltre.fabrique.social.gouv.fr/), ReSIP (https://www.programmevitam.fr/pages/ressources/resip/) et Octave (https://francearchives.gouv.fr/fr/article/88482499).
Arnaud Hulstaert, de la SMALS (https://smals.be/fr) a présenté un retour d’expérience sur une plateforme publique de tiers archiveur, avec sa vision des « archives vivantes » et ses conseils pour construire progressivement un système d’archivage capable de gérer 500 000 consultations par mois.
Quant à Hugues Cazeaux, de l’université de Genève, il nous a exposé les « recettes » du dépôt cantonal des données de recherche Yareta (https://www.unige.ch/eresearch/fr/projets/yareta/) et a évoqué les pistes autour de l’archivage ADN !
Pour ma part, j’ai présenté un retour d’expérience sur vingt années passées à travailler sur le logiciel Arcsys. Ces années ont été riches d’enseignements et mettent en évidence la nécessité de collaborer dans le domaine de la préservation numérique.
Nous espérons que cette initiative pourra être renouvelée, sous une forme ou une autre, lors des prochaines éditions de l’iPres !
Découverte de l’iPres 2024
C’est le mardi que j’ai pu découvrir le salon iPres, et les différentes formes de sessions qui y ont lieu :
- Les « Lightning Talks » doivent être particulièrement stressants pour les conférenciers. En effet il s’agit d’exposer en 5 minutes le sujet de son choix. Bien sûr, le lightning talk de notre client Belspo, exposant son expérience de la mise en œuvre d’Arcsys, a particulièrement attiré mon attention (et manifestement celle du reste de l’auditoire, puisqu’un prix a récompensé son intervention lors de la cérémonie de clôture !).
- Les « Papers » et « Panels » sont plus longs et permettent souvent à plusieurs conférenciers de débattre ou de répondre aux questions de l’auditoire. La session sur le cloud et la préservation numérique m’a marqué, soulignant que pour des institutions universitaires ayant leurs propres experts en infrastructures de stockage, passer au « full cloud » pose des questions sociétales : est-il bénéfique que ces institutions perdent leurs expertises au profit de sociétés privées ? Des aspects plus concrets ont également été abordés, comme la réduction significative des coûts de vérification automatique de l’intégrité dans le cloud, selon l’architecture choisie. Une conférence finale d’Aaron Perzanowski sur la propriété intellectuelle et la préservation des ressources culturelles a notamment soulevé le problème épineux des films en streaming qui, contrairement aux films traditionnels, échappent au partage classique des œuvres culturelles par les bibliothèques et institutions publiques.
- Les « bake offs » sont particulièrement ludiques et concrets. Ils permettent aux participants de faire des démonstrations de leurs produits (avec une thématique à la « Top Chef » où chaque participant doit porter une toque de cuisinier !). Une admiration particulière pour ceux qui ont pris le risque de réaliser une démonstration « en live » devant un auditoire. Et nul doute que la démonstration de l’archivage sur substrat en verre et céramique, résistant au passage au four, a marqué les esprits !
- Les « birds of a feather » sont des ateliers où les participants se réunissent autour d’une table pour discuter ensemble d’un sujet. J’ai ainsi pu assister à un atelier sur la francophonie et la nécessité de travailler collectivement à l’élaboration d’un glossaire commun dans le domaine de la préservation numérique. Un autre atelier m’a permis de découvrir que certaines entreprises privées de stockage de photos ont créé des fondations réfléchissant à la préservation à long terme de ce que l’on peut considérer comme un patrimoine culturel de l’humanité.
Bilan personnel
Au final, qu’ai-je retenu de ces journées à titre personnel ?
• Avant tout, j’ai ressenti la présence d’une communauté de passionnés de la préservation numérique. Parmi les participants, de nombreux chercheurs, archivistes et spécialistes de divers aspects techniques ou métiers, qui ont su, lors des sessions, transmettre leur passion souvent avec humour et modestie. Il était enthousiasmant de se sentir partie prenante de cette communauté et de découvrir que nous partageons les mêmes intérêts et parfois les mêmes interrogations.
• L’organisation du salon était irréprochable, avec un système d’applications très bien pensé permettant de suivre les emplacements des différentes conférences et même d’annoter en temps réel les comptes-rendus, sans oublier un service de restauration impeccable ! Je tiens à remercier ici le travail acharné de tous les organisateurs et personnels.
• La question de la langue n’est pas anodine. Lors d’une telle conférence internationale, nos compétences en anglais sont parfois mises à rude épreuve en fonction des nationalités et des accents des conférenciers. D’où l’intérêt de sessions ou conférences en français, qui permettent aussi de renforcer les liens au sein des communautés francophones.
• Et enfin, Gand (https://visit.gent.be/fr) est un joyau touristique ! Le tour en bateau offert en fin de journée par les organisateurs nous a permis d’en découvrir quelques facettes.
Ma première participation à l’iPres 2024 a été une expérience très enrichissante, marquée par des échanges passionnants et des retours d’expérience variés. J’ai eu l’occasion de me sentir pleinement intégré à une communauté internationale dédiée à la préservation numérique. Cet événement a renforcé ma conviction que c’est en collaborant et en partageant nos expertises que nous pourrons relever les défis à venir. J’ai hâte de contribuer davantage à ces discussions lors des prochaines éditions.
Mikaël Mechoulam