Pour mieux comprendre, dans cet article, on entendra par Cloud les offres Iaas (infrastructures as a service) proposées par les incontournables acteurs du secteur que sont Amazon, Microsoft-Azure et Google. Puis, on entendra par Saas une offre cloud privée portée par un opérateur métier construite sur sa propre IT. Enfin, par mode on-premise l’acquisition classique de licences logicielles déployées sur l’IT du client final et opérées par ses propres équipes.
Au lancement, de votre projet d’archivage, votre choix doit être orienté par les 3 facteurs décrits ci-dessous :
Premier facteur : le volume des données à archiver
Si votre unité c’est la centaine de teraoctets annuels, il faut oublier le mode cloud ou le Saas et opter pour le mode on-premise. Aucun cloud provider ne pourra vous proposer un coût unitaire compétitif entre 0,0006 cts et 0,0012 cts d’euro.. Seule une solution montée sur une infrastructure interne dédié (in-house IT) comme le font les grands facturiers des secteurs de l’énergie et des telcos, vous permettra d’atteindre ces objectifs de coûts unitaires.
Second facteur : la durée de conservation de la donnée
Quelle en est la durée ? Du court terme ou du long terme ? Ou voire sans limite de conservation ?
Quand on inscrit son projet de digital preservation dans de telles durées, dans un monde informatique ou on change tous les composants techniques tous les 3 ans, la solution logicielle d’archivage retenue doit être indépendante de toute adhérence technologique : OS, hardware, network, storage…mais également du cloud. Les premières expériences de démarrage de projet d’archivage dans le cloud, laissent apparaître une forte adhérence avec la solution cloud retenue. Le piège tendu par les cloud provider c’est le faible coût d’entrée et la facturation à l’usage. À 3 ans, estimer les coûts de l’infra Cloud relève de la prévision, que dire des coûts à 30 ou 50 ans voire 100 ans ? C’est de la prédiction, donc un vrai risque de dérapage financier à long-terme. La Digital Preservation ne s’inscrit pas dans la même échelle de temps.
Troisième facteur : la réversibilité
Malgré la transparence angélique et l’interopérabilité affichée par ces opérateurs Cloud, sortir de leur offre sera sûrement plus compliqué que d’y rentrer ! Comme à la grande époque des grandes solutions d’ECM , très organisées en terme de customer lock-in. À ce jour, les offres Cloud n’offrent aucune garantie de réversibilité sans re-développement, adaptations voire re-engeneering induisant forcément des coûts de sortie dissuasifs.
Cloud, Saas ou On-premise : la meilleure approche pour le démarrage de votre projet c’est une très grande prudence et une analyse précise de tous les coûts en les inscrivant dans la longue durée. Les plongeons sans réflexion et évaluations dans le cloud conduiront inévitablement à de futures facturations abyssales. Pour aller plus loin, Sarah Wang et James Casido résument parfaitement dans leur article « cost of cloud : a trillion dollar paradox » le paradoxe d’un démarrage dans le cloud : « Cloud : « you’re crazy if you don’t start in the cloud, you’re crazy if you stay on it ».
Gaël Bertin